L’inoubliable interprète de Nestor Burma nous a quittés il y a un an, le 15 décembre 2023.
Séducteur impénitent et dépensier compulsif, Guy Marchand a laissé un compte bancaire à découvert et deux enfants éplorés, Ludivine (38 ans) et Jules (35 ans).
Toute sa carrière, il a clamé n’être “qu’un chanteur qui fait du cinéma pour des raisons fiscales”.
Il a fini sa riche existence dans une petite maison de la commune de Mollèges, dans les Alpilles provençales, aux côtés de son fils Jules, 35 ans. À 86 ans, Guy Marchand se contentait de ce modeste logis, lui qui avait longtemps vécu dans un vaste mas d’Eygalières (Bouches-du-Rhône) où il élevait des chevaux, et avait créé El Gaucho Polo Club à Lacoste (Vaucluse). Pendant les derniers mois de sa vie, l’acteur et chanteur menait une vie simple, lisant Romain Gary, écrivant des chansons et des polars sur sa vieille machine à écrire. Jules avait rejoint son paternel à la fin du premier confinement, en mai 2020. Le père et le fils s’occupaient de leurs chiens, montaient à cheval et regardaient de vieux westerns à la télévision. Trois mois avant de nous quitter, Guy a eu le bonheur de voir son cadet devenir père, à son tour, d’une petite Charlie.
La petite fille n’aura pas le bonheur de connaître son papi. Elle s’épargnera aussi les batailles d’héritage qui déchirent les enfants de stars. Pas de risque que Jules et sa sœur Ludivine (38 ans), les enfants que Guy a eus avec la comédienne Béatrice Chatelier, se disputent : leur père est mort ruiné ! Toute sa vie, il a dépensé ses cachets en profitant généreusement de la vie. “J’ai gagné beaucoup d’argent sur les Nestor Burma (téléfilms diffusés sur France 2 entre 1991 et 2003, ndlr), mais j’ai tout dépensé, reconnaissait-il en 2021 dans les colonnes du Parisien. Les chevaux. Les voitures. Les femmes. J’ai aimé vivre largement. Et je n’ai pas eu des salaires de stars. Je suis un touriste…” Un touriste qui adorait les belles cylindrées, lui le rejeton d’un ancien garagiste et ferrailleur qui réparait des voitures dans les années 1950, dans le quartier parisien de Belleville où il est né et a passé son enfance. Avant de quitter ce monde, l’acteur continuait de bichonner une vieille Chevrolet Bel Air de 1954 qu’il avait entièrement rénovée.
À force de vivre au-dessus de ses moyens, ce noceur était presque devenu l’ami de son banquier du Crédit agricole de Cavaillon (Vaucluse) qui l’appelait régulièrement. “Chaque semaine, j’ai un appel téléphonique de mon banquier, confiait-il à Soirmag. Il m’annonce que je suis à découvert, je lui confirme que c’est exact…” Fort heureusement, l’artiste a pu faire l’acteur, presque jusqu’au bout. “Le cinéma me sauve financièrement, expliquait-il à Voici en 2019. Je ne vends plus de disques et je suis à découvert … Je suis dans le rouge avec ma retraite, les impôts à la source, la façon dont je dépense mon argent et ma passion pour les voitures américaines ! Ils sont vraiment sympas mes banquiers, je leur dis de me faire confiance, qu’on n’est jamais à l’abri d’un triomphe !”
Des triomphes, ce joueur de polo en a connu beaucoup comme acteur. Moins comme chanteur. L’une des rares fois où ce fut le cas, c’est grâce au slow volontairement ringard Destinée, chanson écrite pour le film Les Sous-doués en vacances, en 1982. Il la qualifiera de “plus grande honte de sa carrière. C’était une blague, une connerie pour l’été, et on en a vendu 250 000 exemplaires. J’étais vexé !” Vexé peut-être, mais, au moins cette fois, enrichi !
Fort heureusement, Guy a été entouré jusqu’à la fin de sa vie. Sa femme, Adelina, avait 48 ans. “Elle est magique, c’est une chamane de l’ethnie bouriate, de Sibérie, souriait-il en 2012 dans France Dimanche. Quand j’ai mal, elle appose ses mains et là, pschitt !” Adelina est une ex-comtesse mongole qui a découvert son mari en voyant Les Sous-doués en vacances, en Russie, doublé en russe ! Preuve de son amour, elle a sacrifié son titre en l’épousant, lui, un roturier. Professeur de langues, elle le soutenait dans tous ses projets, notamment littéraires, comme ses Mémoires Le guignol des Buttes-Chaumont ou le roman Le soleil des enfants perdus. Durant ses dernières années, Adelina l’appellait trois fois par jour, elle passait trois mois avec lui en été, un mois en hiver. “Je n’ai pas peur de mourir, hein, je peux mourir quand vous voulez ! Mais j’ai peur de vieillir…”, confessait son compagnon.
Ce papa tardif était très fier de Ludivine (26 ans) et Jules (23 ans). “Ma fille est belle comme le jour, elle est avocate, se félicitait-il, toujours France Dimanche. Mon fils, lui, n’a pas de problème avec les filles. Il les attire comme le miel attire les mouches. Il fait 1,90 m, il est beau et il vient parfois me voir chanter du rock’n’roll dans une boîte d’Avignon. Mais je me fais du souci, on se fait toujours du souci pour les enfants.”
Il y a un an jour pour jour, le 15 décembre 2023, le dandy crooner tirait sa révérence. Dépensier impénitent, il confessait n’être “qu’un chanteur qui fait du cinéma pour des raisons fiscales. J’ai suivi les conseils de Michel Galabru : “Accepte tout ce qu’on te propose. Il faut juste que le chèque soit conséquent et la cantine bonne”