À seulement sept ans, elle est contrainte de quitter sa terre natale en raison du contexte politique bouleversé par l’invasion soviétique. Ce déracinement marque profondément la jeune Sylvie, qui doit abandonner son grand-père, sa langue maternelle et son identité culturelle pour s’installer à Paris avec sa famille. Cette rupture brutale avec ses racines restera l’une des plus grandes blessures de sa vie.

À Paris, la vie est difficile. La famille Vartan s’installe dans une modeste chambre d’hôtel, et Sylvie peine à apprendre le français. Malgré les obstacles, elle développe une passion précoce pour la scène. C’est son frère Eddie, producteur de musique,

qui la guide dans ses premiers pas artistiques. En 1961, elle connaît un succès inattendu avec Panne d’essence, un duo avec Frankie Jordan. Ce titre marque le début d’une carrière fulgurante. Elle devient rapidement l’une des figures majeures du mouvement Yéyé, enchaînant les tubes tels que La plus belle pour aller danser, Comme un garçon ou encore Irrésistiblement.

Au-delà de la musique, Sylvie s’illustre aussi au cinéma, notamment dans D’où viens-tu Johnny ? aux côtés de Johnny Hallyday, son grand amour et le père de son fils David. Leur mariage très médiatisé, suivi d’un divorce douloureux, expose davantage la chanteuse à la lumière publique. Plus tard, elle refait sa vie avec le producteur américain Tony Scotti, avec qui elle adopte une fille, Darina.

Mais derrière le glamour se cache une femme marquée par la perte. La mort de son père, Georges Vartan, en 1970, est un autre coup dur. Il ne verra jamais le sommet de la gloire de sa fille. Cette double perte — de sa patrie et de son père — nourrit l’émotion qui traverse sa musique, notamment dans ses ballades plus récentes. À travers ses 64 albums et plus de 50 millions de disques vendus, Sylvie Vartan a su transformer sa douleur en art, construisant un pont entre les cultures, les générations et les cœurs.